Lucidalia Hunters

D’aussi loin qu’elle pouvait se souvenir, Asphodèle avait toujours grandi dans les grands foyers de Lucidalia. Parfois, elle se remémorait une douce caresse sur la joue, un baiser chaud sur le front et un murmure délicat à l’oreille, mais les traits de la femme à qui appartenait tous ces gestes demeuraient flous. On lui avait raconté que sa mère avait été une aventurière, aidant les vindicatores et les messores dans leurs combats. Elle faisait jadis partie des praecones, une zoologue charmante et efficace. Elle avait été passionnée par son métier et n’avait eu de cesse de vouloir aider la ville à évoluer, à comprendre ce qu’il se passait. Elle n’avait jamais prévu d’avoir une enfant, c’était arrivé par erreur, mais elle avait aimé sa fille, sa petite fleur. Son père était décédé bien avant de savoir que sa mère était tombée enceinte, un autre vindicatores tué par un monstre créé par la corruption. L’histoire de ses parents avait débuté comme tant d’autres, deux aventuriers, appartenant au même groupe d’exploration, tombant amoureux l’un de l’autre. Mais comme tant d’autres avant eux, leur histoire d’amour avait été courte, trop courte.

Sa mère n’avait jamais eu l’instinct maternel, trop prise par la mission qu’elle s’était donnée, plutôt que par le besoin de prendre soin et d’éduquer sa fille. Égoïste ? Oui, peut-être l’avait-elle été en un sens, mais ses recherches avaient un but si important, que la plupart avaient compris. Dès qu’elle rentrait en ville, sa mère passait toujours la voir, lui offrant des cadeaux, la choyant. Mais son esprit d’aventure eu raison d’elle et elle trouva le même triste sort que son premier et dernier amour. Désormais orpheline, pour le peu que cela l’avait changée, Asphodèle avait immédiatement été entièrement prise en charge par l’un des grands foyers. Elle avait grandi entourée de diverses figures maternelles et paternelles, de frères et de sœurs comme elle. Elle n’avait manqué de rien et son enfance n’avait pas été malheureuse, simplement différente des autres enfants, de ceux qui possédaient encore des parents. Elle n’avait jamais été envieuse de ces derniers, après tout, elle avait eu plusieurs mères et plusieurs pères au fil des années, certains plus tendres que d’autres.

Depuis petite déjà, elle avait toujours aimé lire, se plonger dans les récits de ses ancêtres ou bien dans des récits plus merveilleux et fantastiques. Curieuse du monde qui l’entourait, elle voulait tout apprendre, tout découvrir. Elle adorait étudier et comprendre le fonctionnement des choses, tout autant qu’en créer des nouvelles. Inventive, elle ne cessait d’imaginer des associations d’ingrédients, des compositions aussi étranges que farfelues. Comprenant rapidement qu’elle était plus érudite que combattante, elle fut orientée vers les études dès qu’elle fut en âge de comprendre les choses et de commencer à étudier la vie. Au début, elle s’intéressa à tout, pour ensuite délaisser les matières qui ne l’intéressaient finalement, pas tant que cela. Les plantes devinrent une passion pour elle, la beauté délicate des fleurs, les propriétés des végétaux. Elle se mit à s’intéresser à ce dont elles étaient capables et c’est ainsi qu’elle mit un pied dans la botanique.

Lorsqu’elle atteignit l’âge de travailler, elle s’empressa de se mettre au service d’une guérisseuse, désireuse de comprendre la manière de soigner tout en utilisant des plantes. Elle resta au service de cette guérisseuse durant plusieurs années, apprenant à ses côtés, observant dans un premier temps, avant de mettre la main à la pâte. Asphodèle était une élève studieuse et elle prenait grand soin de faire attention à tout ce qu’elle faisait. Les années passant, elle décida d’entrer ensuite à l’académie de Lumina et continua son apprentissage de la botanique. Découvrant de nouvelles plantes, de nouvelles manières de travailler. Alors qu’elle avait toujours été plutôt solitaire, elle se noua d’amitié avec plusieurs de ses camarades, démarrant véritablement une vie sociale. Elle aimait sa tranquillité, tout autant que côtoyer ses proches et s’amusait à jongler avec tout cela, au gré de ses envies.

Lorsqu’elle obtint son diplôme à l’académie, elle décida de s’engager immédiatement dans les explorations du monde. Elle désirait ardemment découvrir celui-ci et surtout, découvrir de nouvelles plantes. Ses débuts furent quelque peu chaotiques, trop naïve que pour véritablement comprendre les dangers qui se trouvaient au-dehors. Son inconscience lui récolta quelques cicatrices, mais cela ne la découragea pas du tout. Elle entreprit d’apprendre à se battre, à se défendre, à prendre garde à son environnement. Bien qu’elle ne soit et n’ait jamais été une combattante, elle désirait pourtant savoir se débrouiller seule. Cela lui permit de voir le monde sous un nouveau jour et d’être bien plus attentive lors des explorations. Ainsi, elle se mit à bâtir sa réputation, développant toujours plus ses compétences et son savoir. Elle sauva des vies et au fil du temps, il lui fut de moins en moins compliqué de prouver sa valeur. Aucun doute qu’elle a encore bien du chemin à parcourir et bien du savoir à emmagasiner, mais sa rigueur et sa passion lui ont permis d’arriver là où elle se trouve aujourd’hui.