Beauty of Annihilation
TW Maltraitance infantile
Samaël naquit il y a 27 ans de cela dans le Suden, né d’un père Praecones ayant une certaine renom ainsi que d’une mère civile doctoresse travaillant à l’hôpital voisin. Un couple à l’origine stable mais qui ne tarda pas à s’effriter et se dégrada jusqu’à la soudaine disparition de la mère de Samaël, alors un jeune enfant âgé seulement de quatre ans. Un tel acte le marqua aussitôt et le rendit lucide, s’il le comprit davantage plus tard, il en avait déjà en partie conscience sur le moment, sa mère a très certainement fuit les responsabilités familiales au profit d’une vie plus aisée, sûrement auprès d’un homme lui offrant davantage de possibilités.
Et dans tout cela, le père du jeune enfant n’y était pas pour rien. Ambitieux, la famille fut rapidement relayée au second plan, la science, le progrès, l’évolution étaient de mise avant tout. Pourtant, rien de concret, et même, des pertes de ressources engendrées par les échecs successifs ayant sans doute accéléré le départ de la mère. Samaël commençait, malgré son âge pourtant trop précoce, à être conscient de cela, les quelques embrouilles successives entre ses parents le mirent sur une piste, ce n’était pas normal. Mais au moins, pensait-il peut-être dans un désespoir, que sa mère, supposément plus saine et morale, elle qui lui montrait davantage d’amour que son père, aurait la décence de le prendre en charge si elle venait à quitter le domicile. Il n’en fut rien.
Délaissé entre les griffes de son père, Samaël devint le cobaye d’un scientifique ruiné, au bord de la banqueroute, prêt à tout pour pallier son désespoir et à son déshonneur. Alors âgé de cinq ans, son père l’empêche de sortir et lui fait consommer de fines portions de médicaments qu’il a lui-même façonnés afin de jauger leurs effets et leur efficacité. L’homme ne se montre pas attentionné, et ne lui émet plus aucun amour, mais cela reste son père, alors, Samaël lui fait confiance et procède à l’ingestion. Vomissement, cloué au lit pendant des jours durant, les douleurs au niveau de son ventre le marquent et ses cheveux blonds se cassent avant de griser, puis de virer vers une forme de blanc albâtre.
S’en est de trop pour lui, mais il ne sait pas ce que c’est de vivre une vie normale, avec des parents aimants, Samaël n’a jamais connu cela, alors, lorsque son père revient à la charge quelques semaines plus tard, il refuse, simplement, pensant que face à lui se manifesterait de la compréhension, il n’en fut rien et il écopa alors même d’une cicatrice sur la joue gauche. En somme, son père le maltraite, mais pour l’heure, à ses yeux, rien ne paraît irréparable. Le jeune enfant bénéficie de quelques lectures, cloîtré dans sa pièce. Un soir, son père boit, et sombre momentanément, il en profite pour s’éclipser, la première fois depuis quoi ? Des jours ? Des semaines ? Des mois ? Il ne saurait le dire, et ne le saura jamais. Mais cela paraissait être une éternité. Apercevant le coucher de soleil, ayant perdu la notion du temps, il avait en réalité deux années de plus.
gé de sept ans, Samaël se baladait dans les rues, furent-elles toujours à ce point inondées de personnes ? Oui, et non. Ce soir-là avait en réalité lieu une festivité, celle de la nuit des chimères, il s’épanouit, une libération, un grand bien, cela, il en avait besoin. Jouant avec des enfants de son âge, il trouve un masque et se joint aux danses, jeux, buffets, essayant même de tremper un doigt dans un liquide qu’il ignorait être de l’alcool avant de se faire chasser par une commerçante, il en rigolait avec ceux de son âge. Problème à l’appui ; tous bénéficient au moins d’un tuteur, ou d’une personne veillant sur eux, lui, non. Le voilà alors assigné auprès d’une fille, ou d’une femme, lui n’en fit jamais la distinction, elle avait seize ans, cela il l’ignorait, différente d’apparence de tous les autres, la présence même du masque ne pouvait éclipser cela, et lui s’en retrouvait fasciné, là où certains semblaient l’éviter. Le hasard fit qu’ils dansèrent. Jamais il n’oublia cette soirée, d’autant qu’après celle-ci s’opéra le dur et amer retour à la réalité, celui du cloître.
Réprimandé sévèrement par son père, Samaël ne revoit l’extérieur que peu de fois au cours des années à suivre. Privé d’affection parentale et d’amis, il se renferme sur lui-même, l’apathie le gagne, souvent en proie à ses réflexions, il commence à rêver d’un jour où il pourrait battre de ses propres ailes, loin de son geôlier, aurait-il la force de prévenir la garde et de le trahir ? Lui ne reçoit aucun amour, mais lui l’aime, envers, et contre tout. Jusqu’au point de bascule.
Un jour de cette même année, son père semble être persuadé d’une chose dont-il ignore, aujourd’hui encore. Prit d’effroi et de peur face à la seringue qui lui est porté au corps, son coeur manque de lâcher, il se débat, jusqu’à ce que lui soit injecté une substance noirâtre directement dans les veines. Lucide, bien que monstrueux, il est fort probable que le scientifique avait grandement dilué la substance et finalement … Rien ? Ça fonctionne ? Prit d’un regain d’espoir envers son père, une confiance quelconque refaisant surface, aspirant à un avenir meilleur, tout cela n’empêche pas Samaël de ne pas pouvoir fermer l'œil la nuit suivante. Il l’aurait aimé, mais impossible. Et au beau matin, sa tête se mit à tourner, avant que son corps entier ne se mette à être douloureux, en particulier ses extrémités, ses mains, ses pieds, son crâne … Alors, encore et toujours, à contrecœur, dans une désillusion somme toute éternelle, espérait-il que son géniteur contacterait les autorités afin de le soigner et peut-être même, car la raison l’imposait, de plonger la zone dans une forme de quarantaine. Rien. Sans même le savoir, Samaël fut en proie à une corruption de nulla duo. Cela dura près d’une semaine. Les torsions de douleurs furent monnaie courante, il crut tant de fois que cela serait sa fin, mais il s’accrocha à un seul et unique espoir, le seul auquel il put penser en ce moment troubler : un prénom, celui de la seule personne lui ayant montré un semblant d’affection patente au cours des dernières années, ce prénom fut celui de la demoiselle l’ayant accompagné à ladite fête.
Ce prénom fit alors écho dans ses pensées, se présentant comme un soleil dans une nuit noire et éternelle. Un regain d’espoir lui fut insufflé et finalement, il rouvrit les yeux, réellement, libéré, semblerait-il de toute douleur, quelques jours plus tard. Mais déjà, physiquement, il n’était plus le même. Ses mains avaient noircies et ses extrémités enveloppées d’écarlate, idem de ses racines capillaires qui virèrent au rouge, ne substituant toutefois pas à l’albâtre prédominant. Et surtout, l’apparition d’une gigantesque cicatrice sur son visage, immense, telle une entaille, et de nombreuses griffures, il en est la cause, mais n’a aucune idée de comment cela a pu arriver. Enfin, mentalement … Il en était terminé de cette affection qu’il souhaitait éprouver pour son paternel.
Désormais, à l’orée de ses onze ans, bien trop jeune, il bénéficiait pour la première fois d’un réel objectif à remplir. Et qu'importe le temps que cela lui prendrait, des mois, des années, une éternité, cela n'est rien en comparaison de ce qu'il a vécu, depuis quelque temps, sa vie n’était qu’une longue affliction. Qu'importe les difficultés, il souhaitait les surmonter, et cela, en faisant recours à tous les moyens. Chaque obstacle devrait être balayé de sa route et cela commencerait par son père, tôt ou tard. Alors âgé de onze ans, son père tomba gravement malade, sans doute lié à l’ingestion indirecte d’éléments nocifs au cours de toutes ces années, cloué au lit, Samaël avait pour la première fois la main. Avant cet événement fâcheux, pour son père, il aurait cueilli le monde. Mais cette trahison fut celle de trop. Aucune autorité ne fut prévenue, nulle médicalité. Ce dernier n’en a jamais fait autant pour lui, alors, il ne se gêna pas. A ses yeux, c’était là un châtiment mérité.
Il s’en alla, sans fournir ni soin ni aide à ce dernier, peut-être est-il alors mort, peut-être pas, mais l’oiseau sortit de sa cage et décida enfin de s’envoler. Toutefois, Samaël réfléchit rapidement, il ne voulait pas se retrouver dans un orphelinat ou quoi que ce soit de ressemblant, alors, il se tourna rapidement vers quelque chose qui pouvait le lui en éloigner. Prenant contact avec quelques larbins de la Pègre, âgé de onze ans, il se rendit dans les marchés et dans les lieux d’affluence afin de relever la moindre information et de les rapporter à ses nouveaux employeurs qui en échange le nourrissaient et lui donnaient de quoi se reposer dans une sécurité relative. Il garde un souvenir particulier de la fois où il a dû attirer un riche client en jouant justement l’orphelin esseulé dans une ruelle où l’attendaient ses complices.
Fort d’un passé rude, Samaël était apprécié des siens puisqu’il effectuait les choses sans remords, sans regrets, sans hésitations. Ils lui apprirent à se défendre, maniant le surin à la perfection, sachant le dissimuler des gardes, comment distraire, se dissimuler, en somme, le bagage du criminel. ge de quinze ans, il commence déjà à former des jeunes, souhaitant aider des orphelins ou personnes dans le besoin à sa manière afin que personne ne puisse réellement vivre ce que lui a vécu. Alors, il leur apprend les tours qui lui ont été enseignés au cours des années précédentes et forme d’ores et déjà un petit groupe à sa charge spécialisé dans l’écoute et les vols à la tire.
Ce n’est qu’à l’âge de seize ans qu’il prend l’initiative de rejoindre les Vigilae. A ses yeux, il n’y a pas meilleur moyen de dissimuler ses crimes que de faire partie intégrante de ceux qui sont censés y remédier. Samaël y parvient, la mentalité militaire ne le déroge en rien à ses habitudes, et même si l’extérieur ne l’enchante pas grandement, il s’y retrouve naturellement envoyé par quelques fois. Au moins, à ses yeux, une acquisition d’expérience en résulte. Alors, il se démène, physiquement, afin de se retrouver dépêché dans le quartier qu’il souhaite afin de faire proliférer ses activités naissantes et pourtant insignifiantes. Alors, il s’en veut légèrement car il se rend compte rapidement qu’il n’est pas le seul à le faire, pourtant, c’était évident. Si certains revendiquent même leur appartenance à la Pègre, lui reste discret à ce sujet.
Pourtant, ses compétences se développent rapidement. Les années qui suivent le voient monter en échelon, jusqu’à atteindre le grade d’officier il y a peu. Si en tant que simple subordonné de la légion il veillait à développer ses affaires et celles de ses partenaires, les grades qu’il acquit par la suite ne firent qu’accroître ses revenus et son influence. Jouant de subtilités, de coups de maître et parfois de chances, il en vint à son poste actuel. Disposant d’un fin réseau tout en ayant tissé un certain lien avec le Dux Invidia, Samaël a acquis une certaine fortune, la corruption est monnaie courante tant qu’elle ne nuit pas irrémédiablement à son influence et son poste, il veille à ce que ses affaires et celles de ses partenaires ne soient pas dérangées, à ses yeux, de tout cela, il doit en demeurer le principal bénéficiaire.
Outre sa fortune conséquente en résulte également une certaine influence. Celui que l’on dénomme le “gant de fer” fait écho dans l’esprit des quartiers, on le dit cruel, autoritaire, inflexible et surtout, sa tête singulière qui fait que lorsqu’on le voit, on sait de qui il s’agit. Maintenant un réseau qui lui permet de consolider son assise, Samaël se montre désormais prudent mais entreprenant, s’il n’en aura jamais assez, il n’en viendra pas à risquer de tout perdre pour autant. S’adonnant lui-même à certains excès, il veille avant tout à ce que ni lui ni les siens ne commettent d’actes irréparables pouvant potentiellement compromettre et leurs activités et l’intégrité de la Pègre... Son travail consiste essentiellement à être un informateur, en ce sens, ou bien il vend ses connaissances au plus offrant, bénéficiant du réseau qu'il a formé et de sa relation avec le Dux Invidia, ou bien afin de profiter du réseau de trafiquant. Le but étant avant tout d'être lucratif ...