Ce n’est pas ce qui vous intéresse, seulement. À bien des égards, je vous dois bien cela, une description moins réaliste de ce que la Vampire de la Pègre représente bien, autrement qu’une corruption ciblée de la vie de la Cité. Eh bien, il n’est pas difficile de s’y plonger, lorsque l’on accepte les fameux clichés adoptés : le théâtre est une part importante de ma vie, si bien qu’elle m’accompagne même dans mon tempérament, rameutant une personnalité haute en couleur, qui ressort bien du lot de mes camarades de la Pègre. Des quatre Dux, je mettrais ma main à couper que je suis la plus bruyante, pour commencer.
On peut lier cela à une très simple réalité, décorant ma psyché d’un coup de peinture alléchant. Après tout, en disait souvent de moi que j’étais orgueilleuse… Sans pour autant mettre en évidence d’autres traits plus sympathiques, pour mitiger. Le plus flagrant se trouvait donc dans cette observation douteuse, que l’on me donnait volontiers, malgré un manque flagrant de connaissances. Il y avait de ces jours, où je me trouvais moins imposante que d’autres, bien qu’évidemment, la place que je prenais était proportionnelle à ma taille.
Plus grande que nature, c’étaient les mots que l’on utilisait pour me décrire, autrement. Bien que j’acceptais cette épithète, je le comprenais erroné, pour bien des raisons ! Tout d’abord, il est difficile de faire valoir ses ambitions, lorsqu’elles sont aussi éprouvantes que les miennes. On la voit toujours d’un mauvais œil, la Dux qui tentait de prendre les rênes d’une Mafia toujours plus excessive, à Lucidalia, et pour bien des bonnes raisons. Tant était que je restais dans mon coin, tout allait bien. Mais révélez vos plans à quiconque connaissait l’organisation de la Pègre, et vous voilà catégorisée, en tant que folle à lier, ou autres dénominateurs vexants !
Je n’étais pas folle. Je ne l’étais pas, je le savais, car mon boulot me demandait une lucidité parfois maladive. On ne demandait pas à un malade de s’occuper des transits de produits illicites dans la Cité. Encore moins lorsque ces produits pouvaient causer psychoses, sérénité, et bien-être… Ne me demandez pas comment je le savais, vous seriez certainement déçus de la réponse. On me caractérisait parfois comme quelqu’un d’impulsive, et cette solution en était la preuve flagrante. Toutefois, je préférais que l’on se garde de me traiter comme une animale, ce qui était compliqué, parfois, avec ce que je traînais comme pedigree.
Mon surnom était sans doute le fait d’une exagération que j’assumais avec plaisir. La Vampire de la Pègre, disaient-ils en murmurant mon prénom, cela pouvait dire tant de choses, que je ne savais même pas par où commencer. Serait-ce lié à ma soif-de-sang ? Bien sûr que non. Mes horaires d’activité ? Piochez ailleurs ! Personne ne connaissait mes hobbies de la sorte, et encore moins mon goût pour le vin raffiné. Il ne s’agissait que de conjectures, que l’on faisait autour de moi, via des rumeurs que j’accentuais certainement. Pour la foule, je buvais du sang. Pour eux, j’étais une créature nocturne… Et pour ainsi dire, ce n’était tellement pas si loin de la vérité que j’appréciais une pareille observation, pour ma part.
Malgré cela, il ne fallait pas se méprendre : je n’avais rien de cruel. Je pouvais certes faire preuve d’autorité, mon job me le forçait après tout. Il m’arrivait d’avoir des accès de colère, pour sûr, qui n’en avait pas ? Je pouvais parfois me montrer excessive, violente, si la situation me le permettait. Mais à aucun moment pourriez-vous me qualifier de cruelle. Bien à l’inverse, je savais faire preuve de calme et de réflexion, lorsque la situation le demandait, c’est-à-dire… Tout le temps, dans mon métier. Pour peu qu’un laquais faisait une erreur, j’étais la première à me dépêcher pour la corriger, si celle-ci avait été faite sans aucune arrière-pensée. La bienveillance faisait partie de mes qualités, après tout. On faisait très souvent la queue pour bosser sous mes ordres, ce qui ne m’aidait pas à être vue comme autre chose qu’une satyresse à l’arrière-goût de businesswoman.
Dernière chose, me concernant, une particularité que beaucoup de mes camarades, et autres observateurs pouvaient décrier, c’était mon hédonisme simple et pur. Les plaisirs de la vie me permettaient de me sentir vivante, plus encore tant que je pouvais me recroqueviller là-dedans, jusqu’à en crever. Les fêtes, la bouffe, la drogue ou le sexe, ces quatre plaisirs me mettaient toujours dans un état d’euphorie, qui marquait chacune de mes exigences d’un astérisque lié à mes plaisirs. Pour autant, utiliser les outils donnés par la Pègre ne m’enchantaient pas. Aucun moyen pour moi de flairer un plan cul au Boudoir des Plaisirs, par exemple, et la Crypte des Ombres ne me voyait qu’en tant que Boss des lieux, et non pas comme une cliente potentielle. La honte que ce serait, vous imaginez bien !
Seul le Mirage d’Or m’accueillait normalement, pour des raisons d’addiction. Il était vrai que j’avais un problème avec les jeux, qui m’épataient toujours autant, au point de me happer dedans comme une sotte de civile, un peu trop attirée par les jeux. Mais comment faire autrement, je me demandais souvent ? J’étais une des personnes les plus riches de Lucidalia, le problème se trouvait alors dans ce titre : l’argent, il servait à être dépensé, après tout. Ce n’était pas pour moi une manière de justifier mon addiction, mais un véritable mode de vie, me concernant. Après tout, s’il y avait bien une chose qui me caractérisait parmi mes pairs, c’étaient bien mes vêtements, tous taillés sur-mesure, et payés au prix fort !
Comme énoncé, je me délectais de vêtements de luxe, cousus sur-mesure, m’allant à merveille. Les vestes chics et brodées d’or, les pantalons taille haute, les chaussures à talon, accentuant ma grande taille ou encore ma cambrure, il n’y avait rien dans mon accoutrement qui était laissé au hasard. Le plus communément, néanmoins, je me vantais d’un uniforme militaire noir à l’armure légère, accompagné d’une longue cape rouge se fondant dans mes cheveux… Ou plutôt l’inverse : mes cheveux écarlates, se perdaient dans ma cape, donnant une impression de ma personne délimitée par ma folie des grandeurs.
Il n’y avait, en effet, pas que ma taille que l'on remarquait, mais mon corps en général : les longs cheveux rouges, comme désignés précédemment, n’étaient pas le résultat d’une rousseur naturelle, mais plutôt d’une infection de la Corruption. Mes yeux également, desquels on semblait parfois trouver des braises, sans oublier ma taille ridicule. Mais le plus camouflé, c’étaient certainement ces quatre canines imposantes, dans ma bouche, que l’on ne remarquait pas du premier coup. Il fallait dire que malgré ma voix grandiloquente, et le plus grave possible, je savais fermer ma gueule lorsque la situation me le demandait !
Autrement, mon apparence n’était pas plus spéciale : ma peau était blanche, presque pâle, tandis que la forme de mon visage était triangulaire. À ma démarche, on reconnaissait directement l’entraînement militaire que j’avais reçu, chez les Vigilae. Pour autant, je n’étais pas une femme si axée sur ce pan de ma vie que cela, la Pègre restait ma famille de cœur, et je ne les trahirais pour rien au monde. Un brin de nonchalance s’installait dans ma tenue, lorsque j’étais assise, souvent sans aucune grâce. La féminité ne me concernait pas tant que cela, partant plutôt vers un penchant masculiniste ringard. On me trouvait garçon manqué, et c’était bien à cause de mon apparence, malgré mes cheveux aussi longs qu’ils atteignaient le bas de mes fesses.
Il était possible parfois de me trouver des traits androgynes, dans le maquillage que je portais. Mes yeux en amande étaient le plus souvent ornés d’un eyeliner faible, noir de préférence, bien que parfois le rouge ou l’orange s’y mêlait. Mes lèvres étaient le plus souvent teintées de rouge, également, tandis que mes pommettes gardaient leur couleur naturelle. L’androgyne vampire, au maquillage trompeur, c’était dans cette catégorie-là que je tombais. Et si c’était une catégorie qui n’existait pas, alors je la créais par ma simple existence, n’en déplaise aux rageux. Je n’étais pas à cela près, mon rôle dans la ville me forçait à me faire bien des ennemis dans celle-ci, rien que dans la fonction même dans laquelle je me trouvais.
Dernière édition par Carmilla Sheridan le Sam 29 Juin 2024 - 10:48, édité 4 fois