Quand la castagne est le meilleur ordre que ses quelques neurones sont capables d’interpréter correctement, il est difficile de me donner tort. Mettre sa témérité sur le devant de la scène est notamment l’une de ses mauvaises habitudes (pour ne pas dire la pire). Ses éducateurs ont d’ailleurs dû se surpasser pour canaliser ce dérangeant trait de personnalité. Et à défaut d’avoir réussi avec brio à canaliser cette fougue, ils sont parvenus à lui inculquer des valeurs militaires essentielles telles que l’importance de la hiérarchie. Pour le reste, ils peuvent sans doute regretter de ne pas l’avoir assez aidé à différencier courage et témérité. Il est vrai qu’en intervention extra-muros, elle fait ainsi preuve d’une hardiesse effrayante face aux dangers tels que la corruption, mais tout le monde sait qu’une telle attitude est rarement gage d’une carrière militaire durable.
Son étrange manie de parler avec ses katanas n’est pas non plus quelque chose censée vous rassurer quant à l’avenir radieux de cette femme. Donner l’impression frauduleuse de comprendre ses armes en retranscrivant parfois leur réponse - Réponse allant étrangement dans le sens de la Belle, soit dit en passant - est au mieux une excentricité prenant racine dans des traumatismes passés et au pire un immense reflet de sa débilité. Fort heureusement, son inquiétant cerveau semble assimiler que ses lames sont vouées à rester muette. Même en les personnifiant, ces ouvrages meurtriers qu’elle chérit tant ne pourront jamais lui renvoyer la réplique, car la nature est ainsi faite. Leur donner des petits noms mignons ne changera rien à cette réalité et démontre que la santé mentale de cette demoiselle est questionnable à bien des égards, pour ne pas dire instable...
Le fait qu’elle s’imagine être une bonne cuisinière devrait d’ailleurs vous mettre la puce à l’oreille. Il suffit de discuter avec ce pauvre Emil pour comprendre que cette femme butée se berce d’illusions. En effet, aucun humain normalement constitué ne voudrait infliger pareille punition à son palais ou même à celui de son pire ennemi. Il y a bien Noodle qui parvient aisément à terminer les assiettes nucléaires de la Vigilae (la complaisant ainsi dans son simulacre de talent), mais je ne saurais vous dire si la demoiselle partiellement corrompue trouve réellement une saveur appréciable en cette cuisine radioactive ou ne trouve simplement pas de parade à l’oppressante gentillesse de sa sœur. Car bien entendu, ce talent à concocter de la pitance toxique prend origine dans l’affection surprotectrice qu’elle voue à sa fratrie. Soucieuse de les garder en bonne santé, Madame se voile la face en pensant que le goût vient naturellement en cumulant les aliments bons pour la santé dans un plat…
Sauver les meubles après ce descriptif peu flatteur me paraît compromis. Il y a bien quelques qualités notables chez l’épéiste de 25 ans, mais je doute qu’elles puissent contrebalancer la lourdeur de ses défauts. Si je souhaite malgré tout la mettre un peu en lumière, alors je vous dirai qu’au moins Rinko est une demoiselle sociable. Après tout, elle a bien réussi à tisser des liens étroits durant son passage à l’orphelinat alors que ce n’était clairement pas son but premier lorsqu’elle y est entrée. Parmi tous ces liens, celui qu’elle partage avec Noodle et Emil est sans conteste le plus fort, le précieux, atteignant un stade presque insensé.
Son enthousiasme rayonnant ainsi que sa touchante énergie, l’ont rendu au mieux appréciable auprès de son entourage. Toutefois, il est clair que tous ne supportent pas nécessairement l’étrange désinvolture de cette femme, curieuse fusion entre son insistance maladive et sa politesse décomplexée… Et dire que certains observateurs pensent qu’elle possède les qualités nécessaires pour devenir à long terme un leader moral hors pair. Ils ne se rendent pas compte de l’immense boulot nécessaire pour transformer cette chimère en un projet faisable...
Même son minois sympathique peut vous faire oublier ses oppressants excès. Ses traits de visages constamment lumineux ne doivent pas vous faire oublier qu’elle est une femme éreintante à gérer au quotidien. Emil peut témoigner à ce sujet, mais ce serait s’égarer dans ma critique. Ce que je tiens simplement à dire, c’est que le faciès de Rinko est truffé d’atouts susceptibles de fausser votre jugement sur sa personne. Ses pupilles marines lui offrent un regard tellement pétillant et accrocheur, qu’il peut vous tromper dans la bonne compréhension du spécimen qu’elle est. Ses lèvres quant à elles sont douées de finesse et lui octroie cette légèreté compensant l’oppressant sourire qu’elle utilise abusivement.
Fort heureusement, il est des détails vous avertissant du danger imminent que représente cette femme. Par exemple, sa démarche décomplexée s’apparente davantage à celle d’une guerrière un peu rustre que d’une fleur fragile et gracieuse. De même, sa queue-de-cheval ébouriffée peut être un reflet de sa désinvolture si particulière ou de sa critiquable témérité. Elle s’accompagne en plus de mèches rebelles coupables d’obstruer par moments la visibilité de la Vigilae. Et ce n’est pas le bel éclat blond platine de cette crinière qui va compenser cette réalité. En plus de cette coupe imparfaite, je pourrais évoquer son sens limité de la mode, elle dont la garde-robe se résuma à un uniforme militaire classique et quelques habits décontractés d’entrée de gamme. La Vigilae a certes quelques accessoires notables à l’image du Magatama qu’elle porte autour de son cou, mais ce sont des détails négligeables.
De toute manière, les téméraires découvriront tôt ou tard la bizarrerie de la Belle dès qu’ils la verront converser avec ses deux katanas. Ce sont de très vieux ouvrages jumeaux forgés par son défunt père, un habile forgeur de lames. Articles travaillés à l’identité blanche et noire, elle a pour coutume de les trimballer constamment autour de sa taille, même quand elle n’est pas de service (ce qui peut causer une crispation tout à fait naturelle). D’ailleurs, puisque ces lames demeuraient sans nom lorsqu’elle les a reçues, Rinko s’est adjugée le privilège de les nommer et les a respectivement appelées Soba et Unagi. À titre indicatif, il s’agit là d’un reliquat d’une époque où elle réfléchissait encore moins qu’aujourd’hui. Changer le nom d’un katana n’étant guère d’usage, elle les a finalement adoptées ainsi...
Bref, tout ça dire qu’il est préférable que vous fassiez attention avec la jeune Nemuro. Ce beau corps satiné cache non seulement une guerrière à la force stupide, mais également une femme difficile à gérer sur de nombreux aspects.
Dernière édition par Rinko Nemuro le Ven 12 Juil 2024 - 20:34, édité 5 fois