Longtemps, tu as cru que ta place était là-bas. Il y'a toujours eu en toi cette impatience, cette volonté de partir, d'explorer, de découvrir le monde, de repousser les limites de tout ce que vous saviez de lui. Non, pas tout à fait découvrir... Retrouver. Courir après ce monde que vous avez perdu, dont vous avez été chassé. C'est cela, la plus grande injustice, à tes yeux. Ce monde appartient à l'humanité, à tes semblables, tu en es sûre. Tu n'as jamais connu cette période bénie que l'on t'a décrite toute ton enfance, mais tu es prête à tout pour la retrouver. Pourtant... te voilà, juchée en haut des remparts, destinée à ne sortir que lorsque l'on t'appelle, comme un chien bien entraîné. Un constat qui devrait profondément t'énerver, et pourtant, qui te donne une grande quiétude.
Ta place n'est pas là, elle est ici.
C'est Lui qui te l'a fait comprendre, en réalité. Tu n'es plus une enfant, et tes rêves ne sont plus ceux qu'ils ont été. Tant mieux, ou tant pis. Tu as accepté que tes talents te disposaient à une vie moins aventureuse, sans doute plus ennuyeuse, mais ô combien plus importante. Et surtout, tu as accepté que le monde n'était pas celui que tu idéalisais, plus jeune... Aucune de ces révélations ne s'est faite sans mal, mais jamais tu n'as eu envie d'abandonner, de laisser tes illusions et tes rêves brisés derrière toi pour faire autre chose.
Tu les as embrassés pour révéler le véritable sens qu'ils avaient pour toi, en extraire l'essence, les sublimer pour être ce que tu étais destinée à être.
Et alors que tu contemples l'extérieur, tu souris avant de te retourner, embrassant d'un regard cette ville que tu aimes plus que tout.
Des jambes longues et fortes qui ont toujours fait ta fierté, un abdomen aux muscles ciselés, bien davantage que chez tes compagnons masculins, des bras fins, à la musculature à la croisée de celle des lanciers et des gymnastes... Un corps parfait pour l'écuyère parfaite. Malgré un dos épais, et des trapèzes trop prononcés pour que tu sois pleinement séduisante, tu ne doutes pas de l'effet que tu fais aux hommes, même si tu n'aimes pas en jouer.
Mais cette inspection est secondaire. C'est ton visage, que tu regardes avant tout. Ta peau sombre marque plus facilement les cicatrices, et c'est pour cela que tu ornes toujours le dessous de ton oeil d'un trait de teinture pourpre, dissimulant une vilaine cicatrice que l'on t'a laissée avant même que tu prennes les armes.
Et bien sur, pour compléter ton apparence, tu utilises cette même teinture, un mélange artisanal que tu commandes directement auprès d'alchimistes, pour en enduire tes cheveux, leur donnant une teinte légèrement pourpre, mise en valeur par ta peau sombre.
Satisfaite, tu repars vers les vestiaires, ta lance accrochée dans ton dos.
Dernière édition par Indira le Mer 10 Juil 2024 - 22:12, édité 1 fois