Lucidalia Hunters

À l'académie Lumina on croise tout type d'étudiants. Lorsqu'on t'évoque le nom de Viridis, tu t'illumines. Impossible d'oublier ce premier de classe, aujourd'hui devenu chercheur. Il pouvait passer des heures à poser des questions aux professeurs lorsque le sujet l'intriguait. Captivant de par sa passion débordante pour la biodiversité de l'extérieur, il est devenu rapidement un élève très actif au sein de l'académie. Son optimisme savait rallier les foules, même lorsqu'il partait dans ses théories grandioses sur la Corruption. Tu étais encore très jeune et pleine d'espoir lorsqu'il assurait avec une certitude endiablée que la Corruption allait apporter les réponses dont l'Humanité avait besoin.

Un savant mélange d'ingéniosité, d'intrépidité et de malice semblait l'animer. Toujours à la recherche de nouveaux frissons, tu en venais presque à être désolée pour ses proches. Cela ne devait pas être de tout repos. Tu n'étais pas très proche de lui et tu avais le sentiment que personne ne l'était vraiment. Comme s'il était toujours vêtu de son plus beau masque lorsqu'il s'adressait à ses pairs. Et puis... Il y avait les ragots. Tu ne les avais qu'entendus, loin de toi l'idée de colporter des rumeurs. Il arrivait que l'obstination de Cob frôle l'insouciance, au risque d'entrainer ses camarades dans des situations risquées. Tout cela, sans aucune espèce de considération.

Chacune de tes interactions avec le futur Praecone te rappelait qu'il avait un temps d'avance. Il paraissait toujours pressé et cela se ressentait d'autant plus lorsqu'il était sur un projet lié à ses lubies. Des camarades racontaient qu'il n'aurait pas dormi pendant plusieurs jours lorsqu'ils devaient étudier un sujet atteint de corruption. Tu te demandais même si ce cours n'avait pas été demandé par Cobalt lui-même, tellement il semblait passionné et exigeant. Ses prises de paroles insolentes avaient le don de te faire rire. Il questionnait sans cesse toute vérité établie, comme s'il cherchait à connaitre toutes les lois régissant le monde extérieur. Le Dehors, comme il aimait l'appeler.  Sa détermination à découvrir les secrets de ce monde était palpable, comme si chaque mot qu'il prononçait portait en lui un fragment de ce monde sauvage et brutal qu'il étudiait avec tant d'intensité.

Lorsque tu l'as rencontré pour la première fois, ce n'est pas la rugosité de ses mains qui ont éveillé ta curiosité. Ni même les quelques brindilles ayant trouvé leur chemin dans ses cheveux ébènes et ébouriffés. Non, ce qui a captivé ton attention fut son regard. Éclipsant jusqu'à son sourire chaleureux, ces deux orbes d'un bleu intense paraissaient tout absorber sur leur passage. Son regard était perçant, intense et vif. Presque animal. Tu pouvais sentir sa curiosité insatiable en déborder. Comme s'il pouvait voir au travers des mystères de ce monde. Un véritable spécimen.

Passé cette sensation étrange, tu n'étais guère impressionnée par son attirail. Tu pensais qu'avec un nom pareil, le chercheur aurait des vêtements plus luxueux, mais il n'en était rien. Praticité semblait être son mot d'ordre. Une chemise ample en lin, ayant perdu de sa blancheur au fil de ses collectes, était surmontée d'une veste en cuir usée. S'y ajoutait une multitude de poches remplies de divers instruments. Quelques plaques métalliques et mailles désordonnées protègent les zones fragiles de son corps, tout en gardant une flexibilité nécessaire.  Sa taille marquée arborait, quant à elle, une ceinture, ainsi qu'une sacoche plutôt robuste. Tu apercevais également de petits sécateurs, ainsi qu'un carnet relié. C'est vrai qu'il y consignait la moindre de ses trouvailles. Un jour, dans les escaliers de l'académie, entre ses poignets hâlés et le fameux journal, tu avais pu apercevoir l'un de ses croquis. Des corps, beaucoup de corps. Animaux, humanoïdes, étrangetés... C'était difficile à dire, car tu n'avais eu que très peu de temps avant qu'il referme son trésor.

Agile et mince, il s'était rapidement redressé pour te faire face. Tu te souviens avoir eu quelques réflexions sur ce corps. Il dégageait une aura rassurante, empreinte d'une force tranquille. Pas vraiment imposant, et pourtant lorsque tes yeux parcouraient son corps, tu pouvais voir qu'il était plutôt en forme. Intriguée par la boue sur ses avant-bras athlétique, tu t'aventurais à lui demander ce qu'il avait bien pu faire cette après-midi. Sans le savoir, tu venais de te faire embarquer dans un long monologue, bien que palpitant, sur sa dernière aventure. La passion transpirait dans tous ses gestes.