Noirceur sale dans l’cœur, planquée profond sous la surface amène et lisse. Brisure de bas-fonds, porte-malheur. Mihaela n’est finalement que ce qu’on l’a destinée à devenir. Elle n’aspire à rien d’autre que servir des maîtres qu’elle vénère à présent avec une ferveur quasi religieuse.
Aux yeux de la plupart des gens, elle semble une jeune femme dévouée et serviable, toujours aimable, toujours optimiste, toujours égale. C'est l'histoire qu'elle raconte. Feignant d’être sincèrement à l’écoute de ceux qui l’entourent et toujours prompte à rendre service. Et jusqu’ici, tout cela fonctionne : ses camarades la considèrent avec respect et beaucoup accordent déjà leur confiance au personnage intègre et droit qu’elle leur présente quotidiennement dans un charmant simulacre.
Et c’est bien là toute sa force et sa faiblesse à la fois, feignant jusqu’à des amitiés, jouant une partition écrite d’avance, servant un dessein plus grand. La jeune femme n’a que peu de considération pour les personnes extérieures à la Pègre, bien qu’elle s’emploie avec un zèle exemplaire à prouver l’exact inverse. Jeu de rôle mesquin, elle trompe et singe, laissant trainer ses oreilles ici, recueillant les confidences là.
Sous le masque, Mihaela se révèle être une énigme tordue, recousue après s’être déchirée. Conséquence de la corruption peut-être, de l’abandon et du rejet assurément, elle est extrême dans l’adoration qu’elle porte à ses supérieurs, mais aussi dans l’intransigeance du regard qu’elle porte sur elle-même. Elle ne s’autorise aucun échec - ni aucune victoire. Mihaela est comme redevable à jamais de ceux qui, un jour, l’ont faite exister, incapable d’être autre chose que cet outil là. Dissolue dans son besoin d’approbation et d’affection servile, elle est bien incapable d’exister autrement. Qu’ils ordonnent ; elle exécutera, sans poser jamais aucune question.
Des stigmates corrompus qui courent sur la moitié droite de son visage, mêlés de cicatrices épaisses et rougeâtres qui serpentent sur un œil désormais clos - inutile. Ces stigmates la sanglent du haut du front jusqu’à l’arrière du cou, puis coulent comme une mélasse sur son omoplate, son épaule, le haut de son bras et la naissance de sa poitrine. Marques ceintes d’écailles discrètes ça et là. Sur l’omoplate, la clavicule et sa pommette corrompus, des crêtes osseuses plus marquées, dentelées, comme un reptile en embuscade. Et, si on y regarde bien, des cicatrices de brûlure sur les paumes de ses deux mains.
Elle est née comme ça ; corrompue au deuxième stade, du moins. Borgne elle le deviendra un peu plus tard. La corruption chez elle semble particulièrement accentuer des migraines auxquelles elle ne s’est jamais vraiment habituée ; nausée et mal de tête oui, vomissement parfois, et souvent une aura visuelle désagréable qui l’empêche de lire et lui provoque des vertiges importants.
Son œil cyclopéen à l’iris cendrée lui confère une aura perçante, comme la mire du fusil d’un chasseur. Sa mâchoire carrée à l’esquisse bien dessinée, sa posture de droiture forcée et l’absence de formes trop prononcées lui donne parfois des airs plus masculins que féminins. Poitrine modeste qui a l’avantage de ne jamais la gêner, des épaules assez larges et une musculature relativement développée, elle n’a jamais l’air complètement à l’aise avec les vêtements très genrés des femmes. Bien qu’elle en porte parfois, elle préfère les pantalons fonctionnels et les bretelles aux froufrous délicats d’une dentelle qui broderait les extrémités d’une robe ajourée.
Dernière édition par Mihaela Nakova le Dim 4 Aoû 2024 - 20:38, édité 1 fois