Lucidalia Hunters

Issu d'un père docteur et d'une mère infirmière, Darion est né dans une famille tournée vers la science mais relativement normale. Habitant dans le Suden, le couple et leur nouvel enfant vivent quelques années de pur bonheur. Ils ne manquent de rien pour vivre et, malgré le contexte difficile dans lequel ils vivent, la petite famille se comble d'une félicité qui lui est propre. Grandissant donc dans un climat chaleureux et bienveillant, rien ne peut laisser présager les choix que prendra plus tard le chirurgien. Pour autant, quelques signes avant-coureurs montrent un enfant ayant des difficultés à se sociabiliser avec les autres et une passion visible envers les dictionnaires médicaux et autres registres du genre. Tout d'abord alarmés, ses parents préfèrent finalement le laisser faire, voyant plus dans cette obsession une passion naissante qu'un trouble particulier.

A l'aube de son adolescence, l'enfant passionné est devenu un véritable rat de bibliothèque. Là où d'autres de son âge sortent et se rêvent en chasseurs ou vigilae, Darion lui se perd dans ses lectures de médecine, de sciences et d'anatomie humaine. Les dangers extérieur sont pour lui non pas en eux même une fascination. Plutôt, une nouvelle façon de percevoir les blessures et impacts sur les corps humains. Bientôt, on commence à le voir comme une personne étrange, désaxée de la "norme". Pourtant, le jeune adolescent démontre des facilités dans ses domaines de prédilection et se lancent dans de grands discours dès lors qu'on aborde la science ou la médecine. Certains y voient une obsession maladive pour ces domaines là ou d'autres se disent que ce n'est que la suite logique des choses pour un enfant né dans le milieu médical. Afin de s'abreuver de tout le savoir possible, Darion suit son père dans ses diverses tâches et commencent à pratiquer la "chirurgie" sur des poupées de chiffon. Il y fait ses premières coutures. Ses premières greffes. Puis, dans le secret, l'adolescent commence également à pratiquer sur quelques animaux errants. Quelque chose en lui le pousse à toujours plus expérimenter. A toujours parfaire cet art si noble de la chirurgie. Mais quelque chose le frustre. Malgré toutes les œuvres  qu'il parcourt, il manque toujours quelque chose à ses découvertes...

A ses quinze ans, le futur héraut des cicatrices est déjà un petit médecin en herbe. Aidant ses parents, le jeune homme pratique déjà quelques petites opérations et prodigue des soins légers dès qu'il peut. Onguents, herbes médicinales et autres petites concoctions permettant d'atténuer les douleurs et les malheurs des patients que ses parents traitent. Cette vie satisfait pendant un temps le jeune savant qui voit dans ces travaux pratiques un moyen de s'améliorer. Pour autant, il ne fait preuve d'aucune empathie envers les patients et se voit bien souvent rabroué par son paternel qui cherche à lui inculquer un relationnel qu'il ne parvient pas à avoir. Ces remarques détournent légèrement Darion de son envie d'entrer dans le milieu médical plus profondemment. De cette aide qu'il offre à ses parents, il ne reste bientôt que quelques heures par semaines tandis qu'il passe le reste de son temps à retourner à ses petits travaux personnels, ou bien qu'il utilise son temps pour explorer la ville. Un soir, alors qu'il revient d'une énième balade, le chirurgien en herbe découvre le cabinet, et la maison, de ses parents en feu. Si un incendie semble avoir été déclenché, c'est l'explosion produite par les matières entreposées dans les sous sols qui finissent par souffler la demeure, propulsant dans l'air flammes, braises et... Restes humains. Darion, pourtant, ne semble pas plus choqué par ce spectacle morbide que ça. De ses yeux, il assiste impuissant à la mort de ses parents. Et, plutôt que crier, pleurer ou geindre, le futur chirurgien commence alors à récupérer les différents morceaux carbonisés qu'il trouve. Bras, jambes, viscères, boyaux calcinés... Tout est récupéré et parfaitement aligné sur le sol tandis que les viligae arrivent. S'offre alors à eux un spectacle bien étrange. Celui d'un adolescent recoupant et replaçant des restes humains pour reconstituer des corps. Naturellement, le garçon aux doigts à présent couverts de sang se fait stopper dans ses gestes par les militaires qui l'évacuent de la zone. Persuadés qu'il est en plein traumatisme, ils vont ensuite le placer chez un psychiatre qui ne découvrira chez lui aucune forme de traumatisme particulier. Et après de longues années et séances où Darion semble plus ausculter son psy que l'inverse, le garçons est finalement remis dans la nature peu avant ses vingt ans. Pour lui, cet incident. Ce sang. Ces restes. Ce fut une révélation. Et à présent que ses "thérapies obligatoires" semblent passées, son objectif apparait devant lui. L'hôpital Attano.

S'en suivent alors de nombreuses démarches administratives afin de rejoindre l'hôpital. Une fois accepté au sein de l'établissement, Darion peut enfin poursuivre sa formation et en apprendre toujours plus sur les sciences et la médecine. Si on le prend un peu en pitié en raison de ce qui est arrivé à ses parents, il n'en tient pas compte et se concentre pleinement sur son travail et sa formation. Il se spécialise rapidement en chirurgie d'urgence et démontre tout son talent. C'est à cette période qu'il fait la rencontre d'Agatha Claudius, qu'il respecte tout d'abord pour son talent avant de petit à petit éprouver un certain mépris pour l'handicapée. Non pas pour ce qu'elle est, mais en raison de son naturel trop "bon" pour lui. Leurs divergences semblent assez prononcées mais malgré tout cela, leurs discussions s'avèrent toujours respectueuses. Après tout, elle aussi est une femme de science, et une femme talentueuse. Pour le reste, Darion fait également la rencontre avec le directeur de l'hôpital. Il voit en cet homme une figure d'autorité et éprouve un profond respect pour lui. Homme ayant été à l'extérieur, trouvant son corps changé mais continuant d'œuvrer. Pour autant, et à cause de sa nature, le dénommé chirurgien ne se perd pas en fioritures ni en développement de sa vie social. Son cercle professionnel lui suffit et il ne s'accord que peu de temps pour lui. Pour beaucoup, ce dévouement est admiré et respecté. Et c'est ce dévouement professionnel qui rend son départ précipité de l'hôpital aussi surprenant pour ses collègues. Et si beaucoup trouvent ce départ soudain, la vérité est que Darion sent depuis de nombreuses années qu'il lui manque quelque chose pour avancer dans son œuvre. Le danger. Le sang. La violence. Et ce cocktail recherché... Il n'y a que l'extérieur des murs qui pourra le lui offrir.

L'enrôlement de Darion au sein des praecones se fait rapidement. Etant déjà connu de par son passé de chirurgien au sein de l'hôpital, il est vite accepté dans les différentes équipes d'exploration. Curieusement, il ne choisit pas les expéditions les plus simples pour commencer mais préfère se jeter directement dans celles qui s'avèrent les plus dangereuses. Il est d'abord recalé par quelques groupes avant qu'enfin on finisse par l'accepter. Et très vite, les groupes l'ayant fait venir avec eux comprennent qu'ils ont fait le bon choix. Découpant les plaies les plus infectées pour ensuite les recoudre, arracher les dents d'un monstre encore enfoncées dans le cuir d'un vincatores, accompagner les vigilae dans leurs sauvetages et soigner les plus grièvement blessés... Darion a du talent, et il commencera à sauver bon nombre de vies. Cependant, ces soins s'accompagnent bien trop souvent d'un sourire fanatique sur les traits du garçon ainsi que d'une soif toujours plus poussée pour le danger. Les plus menaçants sont les monstres, les plus grandes  sont les blessures et cela l'enchante au plus haut point. Ainsi, le personnage devient à la fois une assurance de survie pour les aventuriers tout comme un oiseau de mauvaise augure. L'avoir dans son équipe est bien trop souvent l'indication d'un danger futur majeur. Petit à petit, et alors qu'il est parfois lui même victime de certaines attaques de monstres, Darion commence à développer une fascination absolue pour la douleur et, surtout, le sang et les marques sur les corps. Il y voit une beauté absolue qui enchante son esprit et lui donne encore plus envie de recoudre les chairs déchirées. Véritable champion de ses propres idéologies, le chirurgien commence à changer peu à peu ses vêtements pour les adapter à ses travaux ainsi qu'à ses idéaux. Une toge vient se placer sur ses tenues amples. Malheureusement, ses propres pulsions provoqueront chez lui un changement drastique dans sa propre perception des choses ainsi que ses caractéristiques physiques...

Si certaines formes de corruption arrivent dans des actes impressionnants, l'infection qui atteint le corps de Darion est tristement banale. Soignant un chasseur blessé, le chirurgien prend malgré lui une gerbe de sang contaminé qui se répand sur son visage, et notamment ses yeux. S'il chasse au préalable le liquide contaminé de son facies, le chirurgien comprend, un peu trop tard, qu'il est à présent lui aussi infecté.  Sans attendre la fin de son incubation, le scientifique décide de se mettre lui même en quarantaine, avant d'ensuite se préparer à la corruption. Très rapidement, les douleurs osseuses se manifestent, précédant les fortes fièvres. De temps à autres, des vomissements surviennent, bien trop souvent accompagnés de bile sanglante. Viennent ensuite les premières lésions cutanées. Des stries noires, parcourant la peau bien trop pale du chirurgien.  Fiévreux, désorienté, hagard, le chirurgien fou décide alors d'observer en direct les effets de ces veines et marques étranges. En creusant à l'aide d'un scalpel sa propre chair.  Farfouillant son derme, Darion  mêle alors l'acier, l'hémoglobine et sa douleur pour  analyser plus attentivement les marques parcourant son corps. De ces traces noires, s'ajoutent en plus de longs sillons irréguliers et en reliefs. Baignant dans son propre sang et toujours aussi fiévreux, le chirurgien se regarde. Comme s'il n'était plus dans son propre corps. Il observe cette enveloppe déchirée et parsemée de marques. Et y voit une splendeur absolue. Une forme de pureté. Ensanglantée. Décadente. Sublime. Un sourire vient étirer ses traits fatigués et endoloris tandis qu'il remarque ses yeux à présent dorés. Le Héraut voit le jour.

Les années qui suivent s'avèrent violentes. Accentuant encore plus les pulsions du chirurgien, ses marques corporels le poussent dans la création d'un personnage qu'il s'invente et qui finit par devenir entièrement sa propre personne. Sur son visage, un masque blanc aux reliefs quasi inexistants. Seules ses prunelles dorées percent le regard de ses vis à vis. Ses vêtements amples se voient de plus habillés par des gants et des bottes de  cuir. De Darion, il ne reste plus que le Héraut des Cicatrices. Un être naviguant à l'extérieur des murs de la ville où y siégeant par nécessité, et qui se plait à partir dans les missions les plus périlleuses. A recoudre la chair. A remettre les intestins à l'intérieur des corps et à soigner les blessures les plus atroces. Chaque cicatrice s'accompagne d'un récit. Chaque marque vient embellir les corps. Et toujours. Toujours ce plaisir face à la souffrance et au sang versé. Des pulsions et désirs interdits qu'il ne cache presque plus. Car s'il sait que ses appétences sont mal perçus, le chirurgien sait aussi que son talent le rend indispensable dans de nombreux groupes. Alors, le Héraut danse dans cette valse macabre qu'est la chasse aux monstres, et les cris des blessés sont à ses oreilles comme des cœurs accompagnant la plus pure des chorales. Les monstres, les Hommes... Plus rien n'a véritablement d'importance face aux marques. Face aux corps distordus, griffés, déchirés. La douleur et le désespoir d'une blessure sont un amuse-bouche pour le repas délicieux de la guérison. Et si les prédateurs à l'extérieur des murs l'ont déjà blessé et le blesseront de nouveau, le chirurgien accepte ce danger les bras ouvert, maniant ses armes avec un sadisme certain. Car si la mort marque la fin, se frotter à sa frontière pour revenir en vie est l'une des sensations les plus plaisantes qui soit.