Lucidalia Hunters

Ses mâchoires d'acier s'enfoncèrent dans ma chair, pénétrant mon corps à de multiples endroits à la fois. Chacune de ses dents perfora ma chair comme si elle n'était que du beurre mou. Je n'étais rien pour lui, juste une victime de plus sur son chemin. Une victime insipide qu'il secoua dans les airs, dans l'espoir de me scier. Dans cette position, je l'observai... Gigantesque, massive... Plus gros que tout ce que j'avais vue. Que cela soit sa tête disproportionnée que ses bras musculeux... Il ne souffrait d'aucune faiblesse...  Je ne pus rien faire de plus que subir, même si je tentais bien sûr de le blesser sans grand succès... Mes forces m'abandonnaient... Mon sang s'écoulait hors de mon corps par tous les orifices qu'il avait créer. La mort me tendait les bras. J'avais eu une belle expérience, j'avais offert l'espoir... J'avais donc fait déja ma part... Mon regard vide se planta une fraction de seconde dans le regard du monstre, alors qu'il me jeta au sol comme on jette un chiffon usé.

Cette sensation d'être jetée ainsi, inutile, brisée et mourante... Alors que lui, ne portait déja plus attention à moi. L'autre bête était plus intéressante. Il y avait plus de viande à dévorer. Tombant au sol, dans un sinistre craquement, reposant dans une marre de sang, ce fut la dernière chose que je ressentis alors que la noirceur m'emportait... Ma mort fut brève et douloureuse...

Une mort salutaire... Qui ne vint finalement pas...

'' Est-elle réveillée ? '' Fut la première que j'entendis... Avant d'ouvrir difficilement mes paupières pour découvrir penché au dessus de moi, un visage que je connaissais de nom, un visage qui allait me hanter...  Kahil Yidiz... Son regard accéré, son sourire effrayant et bien trop heureux. Il se frottait les mains, heureux du succès de l'opération... Toute aussi proche de moi, se trouvait la numéro deux, Agatha Claudius.... La fine fleur de la science était là pour... moi. Leur unique but de l'instant était de me garder. De s'assurer que je ne meure pas... Pas pour l'espoir des gens et ce genre de gnagnagna du genre... Non, Kahil avait des idées bien plus sombres, bien plus précises pour moi... J'étais encore en vie, après avoir survécue de justesse à une attaque qui aurait du me tuer. Et la blessure infligée suintait la corruption... J'étais un cobaye parfait... pour lui. Un cadeau du ciel. Mais tout cela, je n'en avais aucun doute... J'aurais préféré mourir de toute manière...

À peine éveillée, que je retombai dans un sommeil profond, alité sur un lit. Alors que les sédatifs faisaient leur effet... Des effets qui après quelques temps s'estompèrent pour laisser place à une douleur aigu, une sensation de brûlure terrible, comme si j'étais jeté dans un brasier... Mon corps se contracta sous la douleur, un cri de douleur aigu s'extirpa de mes lèvres tremblotant pour trancher le silence de la pièce, alors que tout le long des points de suture fait pour refermer mes nombreuses plaies, une sensation de picote agressive vint prendre naissance... Du fin fond des plaies refermés le mal gangrène prenait le pas sur mon corps. Ils m'avaient soignés, oui, mais ils avaient fait le minimun nécessaire à ma survie.

Ayant été affectée à un degré très élevé à la corruption à cause de la morsure qui prenait place sur pratiquement le tier de mon corps, mes anticorps ne pouvaient luttés contre l'insinuation du mal qui remonta à la surface... Des cris de douleurs continuèrent à s'extirper hors de mes lèvres, des larmes perlèrent sous mes yeux, alors que je commencai à me débattre sur sur le lit, à tenter du mieux que je pouvais pour arracher le tissu qui cachait mon corps, ce même tissu qui étaient sur le chemin pour atteindre mes blessures... J'avais si mal, tellement mal... Mon corps convulsant de plus bel alors qu'il luttait, je me débatti tellement contre moi même, que je tombai au sol dans un bruit sourd, et même si, j'avais maintenant mal à mon épaule, ce n'était pas assez pour m'ennuyer...  Mes mains trouvèrent finalement le chemin des premières blessures, tentant aussitôt de les gratter pour tenter de calmer cette horrible démangeaison... Mais je n'avais pas réalisé que chacun de mes ongles avaient poussés, devenant bien plus des griffes que des ongles. Et sans vraiment le vouloir... Non, en fait, je le voulais vraiment... Je voulais mourir... La douleur était si intense, que je tentai de me frapper le crâne sur le sol pour m'assommer, sans réussite... Alors, sans ménagement, je fis sauter les points de sutures, me rajoutant même de nouvelles griffures...

De mes plaies, un sang noirâtre s'en écoula alors... Un sang mélangé à la corruption qui me dévorait. C'est alors que des gens entrèrent dans la salle, pour me maitriser... Une tentative qui fut d'abord un échec, alors que le premier homme devint une victime. La panique avait pris le dessus, malgré mon manque de force et d'énergie... Je ne voulais pas être sauvée, alors je me débattis de toutes mes forces, découvrant alors que ma dentition avait aussi changée... Mes dents étaient devenus des armes, alors que j'enfoncai mes crocs dans la gorge de l'homme, tandis qu'un autre essayait de m'attraper et me retenir...

Une réussite sommaire, car mes forces me lâchèrent, alors que l'homme m'avait propulsé contre un autre meuble dans l'espoir de sauver son collègue... La pièce était en partie couverte de sang, le mien... celui de l'homme... Mais tant tout carnage, un rire trancha l'air. Un rire sinistre. Puis un applaudissement. Kahil avait tout vu depuis le tout début. Il scrutait, étudiait, évaluait, prenait des notes. Il se délectait de chaque moment, de chaque instant. Il entra dans la pièce après un moment, pour m'observer de plus près. De mes plaies, le sang avait arrêté de couler, remplacer par une croute noirâtre et impure. La corruption avait gangrèné chaque endroit, refermant les plaies en laissant des cicatrices, bien visibles... Des cicatrices, qui attirèrent le scientifique qui se fit un plaisir de jouer avec l'une d'elle, pour voir comment mon corps réagirait, s'assurant bien sur de prendre un échantillon.  Alors, qu'il faisait son petit manège, mon corps convulsa sous la douleur, comme pour essayer de se protéger, sans réussite et surtout sans me réveiller.

Plongée dans un coma qui perdurant plusieurs semaines, mon corps fut observé sous toutes ses coutures, étudiés... Et même si mon physique restait inerte... Mon esprit lui n'était aucunement endormi. Il luttait, toujours... Il luttait contre lui-même, tout en luttant contre la corruption qui essayait d'intensifier la moindre de mes sombres émotions. La moindre de mes envies débridées et violentes. Je n'ai jamais été un ange, je ne l'ai jamais revendiqué. J'ai toujours été un peu sauvage, bestiale et brutale dans ma méthodologie. Me reposant beaucoup, sur les initiatives risquées, voir quasi suicidaire parfois.  Une réalité qui me rattrapait au grand galop, alors que je revoyais dans mes pensées, plusieurs de mes combats, de mes victimes... Alors, toujours des détails changeant... Ma mémoire défaillait, remplacant par-ci par-là des réalités par de nouvelles vérités... Comme ce monstre beaucoup trop faible pour moi, que j'avais tué en lui arrachant la gorge avec mes dents, dévorant son coeur? pour prouver que j'étais meilleure... Ou l'autre, que j'avais tué avec mes griffes... Des scènes qui auraient du m'intimider et me faire douter, me firent plutôt plaisir, m'exaltant et me rassurant. J'eue même le bonheur de revoir l'homme que j'avais mordu.. Sauf que cette fois-ci, je l'avais littéralement ouvert de haut en bas, pour me délecter de son coeur, les murs tapissés de sang... Et le pire, c'était que j'avais aimé cela... Je crois ?

Puis, le rire du dément résonna dans ma tête, et surtout... son visage... Cette simple vision avait finalement suffis à m'extirper de mon coma... Cet homme... Ce monstre... Je ... Je... Qu'est ce que je voulais déja ? Je ne me souvenais plus du tout... Fiévreuse, mon regard se porta sur mon environnement. Des murs de pierres lisses, un plancher en pierre et  une porte en bois solide...  Me redressant maladroitement, je tentai de me lever, avant d'être prise de violents maux de tête et d'étourdissements, retombant au sol l'instant suivant... Enfermée... J'étais enfermée... Comme une bête... Enfermée comme une bête... Comme un monstre... Un monstre ? Moi ? Bien sur que non, je suis... Je suis... J'étais qui déja ? Une nouvelle vague de douleurs vrillère ma tête, alors je me recroquevillait sur moi-même, réalisant alors que quelques choses clochaient, je sentais un appendice que je ne connaisais pas... Tendant une main pour agripper la queue touffu qui était née dans le base de mon dos, réalisant par la suite, en glissant mes mains sur mon corps, que mes oreilles avaient disparu pour être remplacer par de nouvelles sur ma tête... Des changements qui s'étaient produits alors que j'étais encore dans le coma.

J'étais donc... un monstre ? Une bête ? Je n'étais plus sure de savoir qui j'étais maintenant. J'avais cette sensation que ma mémoire était altérée, mais en même temps si naturelle. Une douleur plus aigue, marracha un cri de douleur, alors que je me prenais la tête à deux mains, cherchant qui j'étais. Usant d'une griffe, je tentai d'écrire mon nom dans le bois de la couchette... Lizzy... Je n'arrivais pas à retrouver le reste. Sur cet instant... La porte s'ouvrit pour que la terreur puisse entrée et mon tourment reprit de plus bel.

Pendant de longues années, mon tourment se poursuivit sans cesse... Chaque jour, chaque semaine... C'était un test différent, une délire différent... Une griffe arraché... Une oreille coupée... Est ce que ça repousse normalement ? Est que ça peu être utile ? Est que ci, est ce que ça... Des moments entrecoupés, par mes crises de démence, d'anxiété ou de violence exacerbé par la solitude. J'étais seule, toujours seule avec mes sombres pensées, idées, instincts passions, pulsions et envies... Je tentai bien sur de me suicider à de nombreuses reprises, mais à chaque fois... On ne voulait pas me libérer de cette envelope charnelle qui cumulait entaille sur entaille, cicatrice sur cicatrice... Les blessures de la morsure restaient toujours aussi sensible après tout ce temps. Et plus les années, plus je sentais mon esprit partir en vrille... Je savais de moins en moins comme me comporter normalement, comme une... humaine... J'étais si seule en proie à la corruption qui continuait insidueusement son oeuvre, que je me sentais réellement de plus en plus comme une bête qu'une humaine...